Voilà que moi aussi je prends la parole au sujet du personnage fantasmatique qui est apparu un jour dans notre maison et que nous avons du mal à nous en libérer.
Alejandro a déjà raconté les prodromes de l'histoire, et je confirme tout ce qu'il a écrit.
Mais l'histoire n'est pas terminé là où il est arrivé avec sa narration détaillée et vraie.
Il y a quelques jours - mercredi, pour être exacte - il m'appelle pendant la journée. Je ne réponds pas mais j'écris un
sms où je lui dit que "no
tengo noticias de la chiqua,
pero tengo muchas
cosas que
hacer por mi
estudios", ou quelque chose de semblable à cela. Il me répond en me disant qu'il est à
Grenoble et veut juste me dire
au revoir avant de rentrer à Valence. Je fais mine de rien, et le soir je rentre
tranquille chez moi. Lorsque
Cornelia et moi sommes à table pour le dîner, la sonnette
retentit. Je regards
Conni et je dis "C'est lui". J'éteigne la lumière mais je sens que c'est stupide ne pas être capable de dire à une personne que s'en aille. Donc, j'ouvre la porte et je vois son or, ses lunettes, sa chemise, et son sourire. "
Hola Marco,
qué tal?", il ne parle
qu'espagnol, une langue que je comprends mais que je ne parle pas bien. Il rentre,
Conni s'en fuit dans sa chambre : elle a peur. Je dis toute de suite au mec que je n'ai pas de temps, donc il m'explique qu'il n'a pas de sous, qu'il a en marre de dépenser 50€ dans les
hotels, qu'il est fatigué par les voyages, et qu'il voudrait passer une nuit tranquille. Chez nous. Jusqu'à 6h du matin, après il part à Valence. D'accord, je lui dit, ce qui m'intéresse est le travail que je dois faire pour le lendemain. Qu'il ne me dérange pas plus. "Gracias gracias
qué Dios te
bendiga!", il répète, "
eres un
hombre de
mucho corazon, un
amigo verdadero", et je fais des sourires, parce que je ne crois à rien de lui.
Le lendemain, quand je me
lève à 7h, il n'est plus là. Mais à 10h la sonnette
retentit. C'est lui. Il attends qu'elle l'appelle, il me demande s'il peut rester assis, attendre ici. D'accord, ce qui m'intéresse est terminer le travail que je dois présenter l'après-midi. Il attends, je travaille. Je mange, il attends et me demande si je peux aller à Western Union pour rétirer des sous qu'il va se faire envoyer de Barcelone. J'y réfléchis : à 16h je dois sortir, pour aller à la fac, et on pourrait aller ensemble à la banque. J'ai trouvé le moyen pour le faire sortir (il faut souligner qu'il parle beacoup et est malin, tandis que je suis naïf et je parle trop mal l'espagnol). On va à la banque et tout le monde le regarde, car il est bien rémarquable avec son or. Dos miles euritos. Vale, je lui dit, puta, je pense. Tout est fait rapidement, on sort, le tram arrive, je monte en courant, il me demande s'il peut aller à la maison. Non, je lui dit, et se ferment les portes du tram.
Le soir j'écris un message : "no me gustan tus comercios, tu vida mi es ajena.Tambien mi companeros de piso no te quieren.Estoy cansado, tengo que trabajar, no me molesta" et il me répond avec une verve inattendue : quels commerces? de quoi tu parles? j'ai un bar et un cyber café à Barcelone, voilà mon commerce. De toute façon, je ne crois à rien de lui, et je ne réponds pas. Mais il insiste, et le lendemain - hier- il me demande s'il peut venir chercher "la bolsa", un sac avec des cadeaux pour son aimée. D'accord, mais après 19h, appelle-moi.
Il arrive à 21h, lorsque je suis en train de sortir pour un rdv avec une jeune fille. "No se puede que una alemana me espere mas que 15 minutos". Mais je l'écoute, il insiste, il veut que je comprenne qu'il est une personne normale, tranquille, mais que "tiene problemas de corazon". Il fou d'amour, il est fatigué par cette situation, il n'en peut plus de payer 50€ aux hotels, il préfère les donner à moi les 50€, "su amigo verdadero y unico en Francia". Il pleure.
Je commence à le croire. De toute façon, il m'a raconté plusieurs choses de lui et il ne s'est jamais contredit. De plus : quel est son intérêt? Peut-être l'amitié, comme il dit.
L'histoire va continuer...